L'art éphémère ne date pas d'hier ! Pour preuves les peuples vivant autour de
la rivière Omo, en Ethiopie non loin de l'endroit où fût trouvée Lucy, qui pratiquent la peinture corporelle depuis des temps immémoriaux. Enseigné depuis l'enfance, cet art prend toute sa
signification à l'adolescence, quand les jeunes gens deviennent tour à tour artiste ou œuvre, laissant aller leur expression créative dans le but d'attirer le regard, de se distinguer, de se voir
dans le regard des autres, de plaire mais aussi d'être reconnu pour ses qualités artistiques. Ainsi les jeunes femmes privilégient l'originalité de la peinture de leurs seins tandis que les
jeunes hommes parent leur penis de cette argile pigmentée qu'ils appliquent généralement à l'aide de leurs doigts ou d'un roseau. Protégés jusqu'à maintenant de la colonisation et de
l'esclavagisme par leur éloignement géographique, leurs fauves et insectes redoutables (et aussi un peu grace à leurs kalashnikovs...), les peuples de l'Omo vont devoir faire face aux plus grands
dangers pour leur art : la civilisation et le tourisme.
Le photographe Hans Silvester, légende du grand reportage, a eu le choc de sa vie quand il les croise, à 68 ans, au hasard d'un reportage en Ethiopie. Abandonnant l'ordre du
temps, il les suit dans leur vallée pour nous rapporter une belle esquisse de cet art millénaire mais contemporain.
Deux livres pour aller plus loin : “Les peuples de l’Omo, du corps à l’oubli" et "Entre la nature et l’homme" (Editions de la Martinière).
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Pascal Quehen • Photos © Hans Silvester